Bonjour tout le monde ! Crow et moi, on a décidé de tenter de lancer un nouveau concept sur le Blog. On aime tous les deux écrire. On a des idées pleins la tête et on aimerait faire apparaître notre passion de l’écriture ici.
Grâce à l’aide de Petite Louve, nous avons choisi un thème commun : Escape. Puis, nous avons, Crow et moi, choisi deux mots chacun qui doivent obligatoirement apparaître dans nos textes : poisson, porridge, banane et puzzle. Il ne restait plus qu’à faire preuve d’imagination.
Nous voulions mettre un gage pour le perdant ou alors un bonus pour le gagnant. Comme nous ne savons pas si ce concept va fonctionner, nous avons été gentils pour le premier gage : les mots cités plus haut devront apparaître dans la chronique du perdant. Mais nous avons pleins d’autres idées et nous sommes sûrs que vous aussi ! Dites-nous si cela vous plaît, si vous avez envie vous aussi de participer avec vos textes, si vous avez des idées de thèmes ou de mots, de gages ou de bonus. Maintenant, lisez et votez ! On comptabilise les résultats le mercredi 20 juin !
LunaNyhm
Texte 1
— Mademoiselle, vous êtes avec moi ?
Je mis du temps à entendre l’appel de la personne en face de moi. Lorsque mes yeux la virent enfin, je remarquai alors sa bouche qui s’ouvrait et se refermait dans un flux de mots qui ne me parvenaient pas. Je secouai la tête et ouvris de grands yeux. Je venais de recommencer.
— Pardonnez-moi, murmurai-je. Je vous écoute.
L’homme poussa un profond soupir. Il plaça ses coudes sur ses genoux et enfouit son menton dans ses mains. Il me scrutait avec tant de soin que je finis par détourner les yeux. Je n’étais pas à l’aise. Au bout d’un instant, il rompit le silence.
— Mia, pourquoi ne parlez-vous pas de ce qu’il s’est passé ?
<<Ne dis rien! >>
Je sursautai. Je n’avais pas remarqué sa présence avant que sa voix stridente m’ordonne de ne pas me confier. Je fermai les yeux un instant pour essayer de reprendre mes esprits. Son arrivée était toujours source d’angoisse. Néanmoins, la voix et moi étions en accord sur un point, je n’avais aucune envie de me révéler au docteur en face de moi.
— J’ai déjà raconté les événements en détails à vos collègues. Je n’ai pas envie de recommencer, lançai-je d’une voix cassante. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas continuer de voir le docteur Dedelley. Nos rendez-vous se passaient très bien.
<<C’est bien, petite, continue.>>
Je n’avais qu’une envie, me retourner et lui crier de se la fermer. Comment pouvais-je discuter avec le médecin si elle continuait de me susurrer ses paroles de serpent à l’oreille ?
Le médecin se redressa en continuant de m’observer avec intérêt. Je commençais à être agacée.
— Vous ne vous rendez pas compte de ce qui se passe autour de vous, me demanda le docteur.
Je levai un sourcil.
— Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
— Je ne suis pas votre ennemi, Mia, me confia précipitamment le médecin. Je suis là pour vous aider.
Une boule prit naissance dans ma gorge.
— Vous pensez réellement que me faire changer de thérapeute constamment et me demander de reparler encore et encore de mon agression m’aide à aller mieux ?
Je sentais mon expression se durcir.
<<C’est bien. Contrairement à moi, il n’est pas là pour toi. Débarrasse-nous de lui.>>
— Vous devriez revoir votre méthode. Elle ne me convient pas.
— De quoi avez-vous besoin ?
Une larme coula sur ma joue. J’avais besoin de liberté. Je me sentais constamment enfermée dans une petite pièce. J’étouffais. Je me prenais parfois à rêver que j’étais un minuscule poisson et que j’avais tout l’océan pour me perdre. Puis, je rouvrais les yeux et j’étais à nouveau confinée dans ce corps que je ne supportais plus. Ce corps dont je ne voulais plus.
<<Tu es sale, immonde. Regarde-toi. Qui voudrait de toi à présent ? Il t’a contaminée. >>
Je dus encore une fois me retenir de me retourner pour lui hurler de dégager. Je ne voulais pas que le docteur me prenne pour une folle. Je devais déjà porter l’étiquette de victime quand je venais dans son cabinet. À elle seule, elle était beaucoup trop lourde.
Mon entourage s’inquiétait. C’était pour cette raison que je continuais de venir m’asseoir sur la chaise d’une personne prétendant pouvoir m’aider à trouver une solution pour échapper à ma réalité. Quelle ironie ! Je n’avais plus d’espoir. La voix avait raison. J’étais perdue. Contaminée. Ce n’était pas pour moi que je tentais d’avancer. C’était pour ceux que j’aimais, pour qu’il puisse supporter ce que j’avais subi.
<<La souffrance est la seule chose que tu mérites.>>
Elle avait raison, elle, cette détestable amie. Je n’étais pas toujours certaine de ce qu’elle souhaitait pour moi. Elle voulait que je me défende des autres et que je les détruise. Mais elle me rappelait aussi constamment que je ne méritais que le supplice et à quel point j’étais mauvaise. Elle était mon bourreau et mon gardien.
Les spécialistes m’avaient proposé un jour de me faire interner pour bénéficier du meilleur suivi. C’était la voix qui m’avait convaincue de ne pas y aller. Je crois qu’il y a une seule chose qu’elle et moi refusons de perdre : notre liberté. Car oui, elle était liée à moi. Nous étions comme les pièces d’un puzzle parfaitement emboîtées. Nous étions différentes, mais indissociables. Si le corps était enfermé, nous le serions aussi.
Et puis, entre nous, je ne pense pas que rester prisonnière d’une pièce blanche à longueur de journée avec pour seule compagnie que moi-même et des médecins incompétents, sans activités pouvant me faire exister et avec pour seul repas des porridges infectes pouvaient m’aider à l’oublier. Lui.
Son image apparut alors dans mon esprit.
<<Reviens ! Ne va pas là-bas !>>
Il était devant moi. Il portait un jeans foncé et une chemise blanche qu’il avait coincé dans son pantalon. Une banane reposait sur sa poitrine. Il avait une moustache.
<<Ne le regarde pas !>>
—Mia, vous êtes avec moi ?
Je me perdais à nouveau. Les battements de mon cœur s’accélérèrent. Il fallait que je parte avant qu’il s’approche de moi. Je n’avais qu’une solution pour lui échapper.
<<Je n’aime pas que tu fasses ça. Tu dois rester avec moi.>>
Je sentis mes lèvres se redresser pour former un sourire. Je méritais une pause.
<<Tu ne mérites rien. Reviens !>>
Je ne l’écoutais déjà plus. Je sentais mon esprit quitter mon corps. C’était une sensation agréable. Je me sentais légère. C’était comme si une fumée noire s’échappait de mon dos. Je m’envolais loin de tout. Je partais loin de la voix, de lui, des souvenirs, du corps, des médecins, des regards inquiets.
Les spécialistes appelaient ça de la dissociation. C’était à leurs yeux une forme de fuite. Un symptôme qui prouvait ma folie. Pour moi, c’était la clé de ma libération. Pendant un instant, j’étais loin de tout. Je pouvais presque redevenir heureuse et surtout j’étais délivrée de tous mes fardeaux. Cela n’avait pas de prix.
Texte 2
La pluie me tombait sur le visage. Mes vêtements étaient déjà trempés, et pourtant je continuais à marcher tranquillement tout en tirant sur ma cigarette. L’orage commençait à se déchaîner. Tout autour de moi, les gens couraient. Moi, je n’en avais pas envie. J’aime la pluie et la tempête. J’ai l’impression de ne faire qu’un avec elle. Une fois qu’elle se déchaîne, je me dis que c’est ma colère qui s’exprime en vers et contre tout. Alors quand j’ai décidé de la manière dont j’allais me tuer, j’ai directement voulu expérimenter le fait d’être foudroyé. J’ai appelé la compagnie Escape. Elle prépare le terrain et fait en sorte de trouver et de mettre en place votre mort, qu’importe que vous vouliez mourir de la main d’un poisson sauvage ou en mangeant une banane empoisonnée, que ce soit en vous étouffant avec votre porridge le matin. Les morts, qu’elles soient absurdes ou réelles, fonctionnaient. Dans une société où l’on était trop nombreux, le faîte que des gens payent une compagnie pour pouvoir mourir était déjà, en soit, une idée de génie. De plus, tu pouvais avec une mort assez originale faire gagner de l’argent à ta famille qui reste en vie. On a arrêté de compter les parents, les amis, les amants, qui se son sacrifiés pour sauver ceux qui leur sont proches. Pour gagner des prix, il y a des catégories : mort absurde, mort violente, mort douce et mort naturelle. L’orage fait partie de cette dernière catégorie. Inutile de vous préciser que le prix de mort violente et plus élevé que mort douce. Donc la compagnie brasse des milliards par année, sur la mort d’innocents.
Ma cigarette s’éteignit pour la énième fois. Pas évident de fumer sous la pluie, mais personne ne m’empêchera d’attraper le cancer du poumon. Après tout, c’est pour ça que j’ai commencé à fumer dès qu’ils ont mis qu’on pouvait choper des maladies sur les paquets. J’ai même commencé ma collection d’images dégueulasses. Même avec ma capuche la pluie s’infiltrait sur mes cheveux. Je étais vraiment trempé à présent. Un peu lourd avec ces vêtements mouillés, mais j’étais presque arrivé à la colline où l’éclair pourrait me frapper. Je me suis toujours demandé si la mort est quelques choses qui fait mal comme un coup dans les couilles ou quelques choses de doux comme le baiser d’une personne qu’on aime ou peut être le mélange des deux. Dans tous les cas, si la faucheuse où n’importe quelle entité de la mort désire venir me prendre, je pense qu’il recevra le plus beau baiser que je pourrais lui donner. Je vous ne l’ai pas encore dit, malgré toute les bonnes actions qu’on peut faire avec Escape, mon choix de mourir est purement égoïste. C’est juste l’envie d’enfin quitter ce monde qui est dégoûtant à souhait. Ce que je trouve étrange c’est de vouloir vivre ici, sur cette planète Terre emplie de vices et de connerie. Enfin surtout de cons. Personnellement, je n’en peux plus. Je décide de tirer ma révérence. Dommage, un temps j’aimais tout ce qui m’arrivait. Du moins, j’appréciais le bonheur que m’apportais ma Lamborghini, mes milliers de costards de haute couture, mon jet privé et la drogue que je pouvais prendre en surdose. Mais il parait que le bonheur des choses matériel n’est qu’illusion. Je confirme. Le vide que j’ai toujours ressenti ne s’est jamais comblé.
Ça y est, la colline était là. Quelques arbres poussaient. J’avais décidé de mourir prêt d’un chêne. Je ne sais pas pourquoi j’aime bien cet arbre. Je m’assis donc prêt du chêne, quand des éclairs illuminèrent le ciel nuageux. Amusant, j’avais aussi pu choisir l’heure de mon décès. Il était trois heures du matin. J’adore penser que c’est l’heure du diable. Mes meilleurs choses me sont arrivées à trois heures du matin : mon overdose de cocaïne, la mort de mon père, l’idée d’Escape. Trois heures du matin était réellement mon heure préférée. D’ailleurs je n’arrive généralement pas à dormir avant cette heure-là.
Sous cet arbre, j’ai pu m’allumer une dernière cigarette. J’adore le petit rituel qui va avec, : juste avant de l’allumer, je tasse un frappant le filtre avec mon pouce, puis je mets la cigarette dans ma bouche, et sourit légèrement juste avant la première dose de nicotine. Puis avec mon briquet, je l’allume. Je ne peux guère vous décrire la sensation de cette première bouffée. Elle me réchauffe légèrement. Une éclair suivit du tonnerre. C’est bientôt le moment de vous tirer ma révérence. Avant que je parte, j’espère que personne ne m’apprécie et que je suis haï, car je ne suis pas quelqu’un de bien loin de là. J’ai quand même crée une compagnie dont le principe est de s’enrichir avec la mort des gens. Ce n’est pas très éthique, mais qu’est-ce c’est rentable.
Sous cet arbre, je respire et jette mon mégot par terre. Je vais mourir. Qu’est-ce que je m’en fou de ce mégot ! L’éclair arriva sans prévenir. La lumière arriva d’un coup. Est-ce parce que c’était un éclair et donc une lumière que j’utilise cette métaphore de merde ? La lumière au bout du tunnel. Oui c’est ça ! Le calme, pendant quelques secondes, l’apaisement. Je me sens bien. Laissez-moi ainsi je vous en prie.
Le noir habituel. Le sentiment de légèreté disparaît. Je déteste ce noir, car après vient la douleur qui me ramène à la vie. Fait chier encore un essaie non concluant. Celle-là fait mal, non de dieu ! J’ai un trou dans le poitrail. Comment c’est possible d’être en vie après ça ? Je suis maudit, il n’y a que cette explication. La mort me ferme son royaume et c’est le seul endroit où j’aimerais aller, me blottir dans ses bras. C’est je pense la chose la plus belle à laquelle je rêve. Mais cette immortalité est une putain de puzzle dont personne ne peut expliquer la raison si ce n’est que je suis maudit.
Je m’appelle Lucian et je suis le créateur d’Escape, et j’essaie toutes les manières de mourir que nos concepteurs créent, dans l’espoir que l’un d’eux trouvent le moyens d’enfin me tuer.
Votez
Voilà le liens pour votez ! Petite Louve le ferme dans une semaine, mercredi 20 juin !!!
http://www.strawpoll.me/15887884
Jérémie Crow et LunaNyhm
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